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Pour une approche globale du stress

Le stress n’est pas une fatalité, c’est une nécessité.

Sans stress, il n’y a pas d’adaptation aux changements et évolutions de notre environnement qu’ils soient personnel, familial, professionnel. Le stress, c’est la condition de base de l’adaptation à la mouvance de la vie.

Le stress consomme de l’énergie. Tant que nous en avons assez, nous pouvons faire face efficacement aux situations que nous rencontrons. Et c’est souvent motivant, nous sommes alors dans le stress positif (eustress). C’est quand toute notre énergie disponible est consommée que nous rentrons dans le stress négatif (distress) avec des réactions inadaptées (irritabilité, agitation désordonnée, coups de déprime...).

Et le lendemain on repart à zéro, avec une nouvelle dose d’énergie à consommer. En fait on est facilement dans les deux, surtout quand on déborde d’énergie. L’accumulation des demandes d’adaptation va générer des "piques de stress négatif" qui vont plus ou moins vite s’éliminer selon les niveaux d’énergie de la personne, sa résistance naturelle au stress et les sollicitations de son environnement.

Le problème se pose quand les causes de stress sont multiples et répétitives ou continues. Ca commence par "prendre la tête" au sens littéral du terme ; la personne entre dans une phase de rumination. On constate alors une baisse de son énergie mentale ; avec celle-ci peuvent venir des soucis de concentration, de mémorisation... Si cela perdure, dans un deuxième temps c’est la forme physique qui va être entamée ; le plus souvent parce que l’accumulation de stress va perturber le sommeil et en privant la personne de sommeil, on finit par atteindre son potentiel physique. La personne va de plus en plus se replier sur elle-même, elle va manquer de motivations et être plus fragile émotionnellement avec des crises de larmes incompréhensibles ou une grande irritabilité ou encore une absence de réaction. D’ailleurs au plus cet état va se prolonger, au moins la personne aura d’énergie et en conséquence, elle aura de moins en moins de réactions. Elle est en train de rentrer dans l’over stress. Dans un troisième temps, si les causes de stress continuent durablement, la personne va décompenser émotionnellement et sombrer d’abord dans la déprime et ensuite dans la dépression avec les risques de burn out...

Il n’y a pas de durée type pour cela. Nous sommes profondément inégaux en face du stress. Nous n’avons pas les mêmes niveaux d’énergie ni la même résistance. Ce qui va stresser négativement l’un va exalter l’autre. Certaines personnes, certaines professions ont besoin de stress pour fonctionner (exemple : les créatifs, les traders) ; d’autant plus qu’il y a une récompense à ce type de stress, les endorphines. Et on en devient facilement "accro".

Alors que faire ? Il nous semble difficile de dissocier le stress professionnel du stress personnel, c’est artificiel et dangereux car ça peut amener les personnes à ne pas vouloir se prendre en compte globalement et à se victimiser en reportant l’ensemble de la faute sur l’autre. Le plus souvent le stress est à la fois personnel et professionnel. C’est la réunion des deux qui vient consommer notre énergie disponible.

S’il semble tout à fait normal de vouloir combattre les causes du stress professionnel en s’attaquant simultanément :

  • A l’organisation et au management
  • A la tâche et à son contenu
  • Aux relations interpersonnelles
  • Aux conditions matérielles de travail

Il faut aussi amener les personnes à prendre conscience de leurs stresseurs personnels et les prendre en compte.

C’est aussi en aidant les personnes à être plus conscientes de leur stress, de ses causes, de celui des autres et en leur donnant les moyens et l’envie de mieux y faire face, quelles que soient les circonstances professionnelles et personnelles que l’on pourra leur permettre de mieux résister, de mieux gérer leur temps et leur énergie, donc de mieux profiter de leur vie.

Il existe des règles très simples, tellement simples qu’elles ne sont pas prises au sérieux (l’esprit humain étant souvent rassuré par des choses en apparence plus compliquées et plus exogènes), et pourtant elles sont fondamentales.

D’abord, la Respiration : en situation de stress, le corps et le cerveau ont besoin de plus d’oxygène.

Ensuite, l’Alimentation : une mauvaise alimentation va augmenter notre potentiel de stress et quand on est stressé on a tendance à compenser par des écarts alimentaires (sucreries, chocolat...) ou par l’alcool et autres excitants (tabac, café, coca...).

Enfin le Sport pour éliminer les toxines, réoxygéner la tête et le corps, décharger les tensions.

Si vous rajoutez à cela une amélioration des temps de Sommeil vous avez réuni une bonne partie des conditions permettant aux individus de faire face à la vie et au stress qui l’accompagne.

Mais pour mettre toutes ces techniques en œuvre, encore faut-il avoir conscience de son propre stress et être persuadé qu’on peut le prendre en main et qu’il y a des techniques réellement efficaces pour cela.

De plus un certains nombre de cas relèvent d’un accompagnement individuel spécifique et/ou même parfois médical. A ce niveau là, nous ne sommes plus dans la prévention et la gestion d’une situation, mais dans le traitement des cas extrêmes que l’on n’a pas pu (ou su) prévenir et contenir.

En résumé, plutôt que vouloir rechercher à tout prix des responsabilités (ce qui peut être un moyen de fuir les siennes), il est important de vouloir se mobiliser en commun pour faire face à un risque qui peut se révéler dangereux pour l’ensemble des parties. Aux entreprises de reconsidérer leur organisation et leur management, de donner aux salariés (par exemple en utilisant le DIF) les moyens de mieux faire face à leur stress quelles qu’en soient les causes, aux personnes de rentrer dans une démarche volontaire de mise en œuvre des techniques permettant de réduire ce stress (y compris au niveau de leur organisation personnelle), à l’ensemble de faire un véritable effort de solidarité pour regarder également le stress de son voisin (au sens propre et figuré) et éventuellement l’aider à y faire face. Ce n’est qu’en s’unissant pour faire face à une situation complexe mais non irréversible que nous pourrons remédier à ses graves inconvénients sans en perdre ses principaux avantages.


Patrick Visier

Président de Stress Experts

 
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