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Il n’y a pas que le travail dans la vie, il y a aussi la vie

C’est sur cette remarque de Patrick, dans son édito de la newsletter de septembre 2012, que j’ai eu envie de rebondir. Juste pour partager ma vision et peut-être bien être challengée !

Pourquoi cette remarque a-t-elle fait écho ?

Pour deux raisons :

  • A trop focaliser sur un des aspects de la réalité -le travail-, on risque fort de perdre de vue la globalité de la réalité -notre vie- et d’en oublier le sens de notre travail - le rôle qu’il joue dans notre vie.
  • Vouloir améliorer la qualité de vie au travail est indéniablement faire un pas en avant et arrêter de marcher sur la tête. Mail il n’en reste pas moins que la « performance » d’un ensemble s’aligne toujours sur le maillon le plus faible : vrai d’une chaîne Hifi, vrai dans les sports collectifs, vrai dans l’entreprise (que perçoit le client insatisfait : tout ce qui a été réalisé de manière satisfaisante ou le seul aspect irritant ?), etc.

Mais encore ?

Un consensus semble s’être établi autour d’une séparation entre vie au travail et vie « ailleurs qu’au travail » (vie personnelle, vie familiale, vie sociale) ; comme si l’on pouvait traiter de l’une en faisant abstraction des autres.

MAIS !

1. vie personnelle et vie professionnelle interfèrent en permanence

Parce que l’on passe une bonne partie de sa vie au travail, parce que la « cloison » entre vie professionnelle et vie privée n’est pas étanche, le travail impacte fortement la qualité de vie de tout un chacun.

Tout comme, d’ailleurs, la qualité de vie personnelle retentira sur le comportement au travail. J’aime cette image donnée par Jean-Paul Pianta, chiropracteur : nous sommes comme un marin sur un radeau, flottant grâce à quatre grosses bouées rondes maintenues par des barres d’aluminium.

" Nous sommes embarqués dans nos modes de raisonnement occidentaux et, à l’instar de toute notre médecine, cherchons, avec plus ou moins de succès, à réparer le mal-être au travail quand il est de fait. Ce qui mobilise plus de moyens financiers et d’énergie qu’il n’en faudrait pour créer des conditions favorables au bien vivre au travail. Ne peut-on s’inspirer aussi de la pensée chinoise et s’occuper de réunir des conditions qui préviennent l’apparition du mal ? D’autant que les performances économiques, loin d’en souffrir, s’en trouveraient à terme bonifiées. "

Jean-Paul PIANTA – La révolution du mieux-être, éd. Ramsay 1998

Chaque bouée correspond à un des pôles de notre vie. Le radeau forme un tout.

  • si le marin saute sur une des bouées, les autres réagissent à cette pression inégale ;
  • une bouée endommagée peut compromettre la stabilité de l’ensemble ;
  • le centre du radeau est la meilleure place pour maintenir le tout en équilibre ;
  • l’instabilité sur le plancher est la norme : le marin doit en permanence être vigilant pour garder ou rétablir son équilibre en fonction du roulis, du tangage, des conditions atmosphériques.

 

Il en va de même de notre équilibre de vie et du bien-être qui l’accompagne. Si l’une des bouées est endommagée, c’est tout le radeau qui souffre de l’avarie au point parfois de risquer de sombrer, « corps et âme ».

En ce sens, la qualité de vie au travail est cruciale, mais ni plus ni moins que celle de « nos autres vies ».

C’est la même personne, avec ses joies, ses peurs, ses tristesses et ses colères qui vogue de vie personnelle en vie familiale, vie sociale et vie professionnelle. L’essentiel relève du sens que nous donnons à notre vie, le travail n’étant qu’une composante de cette vie. « Il faut tout voir » comme me le disait Aurélie, agent de propreté au sein d’un centre de remise en forme : « J’ai besoin de mon salaire, mais 100 € en plus et derrière je trime ? Non. Ici, je suis bien. » .

L’idéal est bien entendu que toutes les bouées soient en bon état, mais chacun sait bien que la vie n’est pas un long fleuve tranquille ! La vie étant sujette à aléas, il nous appartient, en tant que marin, de « piloter » au mieux, de recycler la malchance en chance pour maintenir ou rétablir l’équilibre entre toutes les bouées et arriver malgré tout au port que nous nous sommes fixés :

 

2. Si plusieurs bouées se révèlent défaillantes, dans quel ordre intervenir ?

 

QUIZZ !

Il faut terminer un travail, vous avez promis à vos enfants de les conduire chez leurs copains et vous aviez bien l’intention, entre travail et conduite des enfants, d’aller à la salle de sport vous offrir un stretching.

Que décidez-vous de « sacrifier » :

  • Les impératifs professionnels
  • Les impératifs familiaux
  • Le temps que vous vous accordez, juste pour vous ?

Quel sera votre ordre des priorités entre ces trois impératifs ?

Si toutes les bouées sont interdépendantes, il est un ordre de priorité entre elles pour les travaux de maintenance. Dans une construction, si les fondations sont défaillantes, il est inutile de se préoccuper des fissures des murs tant que les fondations ne sont pas fiabilisées. Autrement dit, veiller à son équilibre de vie, c’est gérer des priorités : d’abord le temps pour soi, pour se ressourcer, pour, ensuite, être disponible aux siens. Et, en dernier lieu, le travail : comment être bien au travail si l’on a laissé chez soi des conflits avec les siens ? Laisser ses problèmes à la porte de l’usine ou du bureau est un vœu pieux : l’être humain n’est pas une machine ou un être désincarné !

S’il faut s’assurer de la solidité des fondations avant de se soucier du reste, autant dire que ce sont vos forces qui doivent faire l’objet de toutes les attentions. L’essentiel serait bien d’avoir fait la paix avec soi-même, de «Trouver la paix en soi pour trouver la paix avec les autres » comme l’indique Thierry JANSSEN[1]. La base du bien-être et de sa qualité de vie tient avant tout à ce que, ayant fait la paix avec soi, l’on s’autorise à être soi, à ne pas toujours avoir à composer (et donc être sous tension : vous avez dit « stress ? ») et à interdire que « le jugement d’autrui entre dedans », selon la définition que Sartre donne de l’enfer, en expliquant bien que « Si les rapports avec les autres sont tordus, viciés, alors l’autre ne peut être que l’enfer. »

[1] Thierry JANSSEN – Vivre en paix – Trouver la paix en soi pour trouver la paix avec les autres – éd. Robert Laffont, 2003

Mais a contrario, si les relations avec les autres sont empreintes de bienveillance, il n’y a plus d’enfer et la Qualité de Vie peut lui voler la vedette.

Du même coup, vous changez la donne, car les autres ne sont que de miroirs : notre comportement induit celui de nos interlocuteurs. Les émotions sont contagieuses, profitons-en !

 

3. Pour servir la qualité de vie, au travail et dans toutes nos vies :

Ma suggestion :

Arrêtons d’accuser les autres ou l’environnement d’être la source de notre mal-être,

Ne laissons pas le jugement des autres entrer au-dedans,

faisons-nous confiance et osons la vie

Ne perdons pas de vue que « L’ennemi est au-dedans »

L’y déloger n’est pas le plus aisé... « Le travail d’une vie » nous dit Thierry Janssen !

 

 

 

 

« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ».

Gandhi

 

 

Monique PIERSON

 

Les dessins sont de Chimène et Alma, deux adorables fillettes de 6 et 8 ans qui ont illustré mon premier ouvrage « Et si on décidait d’être heureux, même au travail ? »

 
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