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FGM ? Feel Good Manager ou Feel Good Management

Du nouveau dans la problématique bien-être et qualité de vie au travail.

Parmi les différentes pratiques et expériences menées pour tenter de réaliser la quadrature du cercle, à savoir conjuguer travail et bien-être, travail et épanouissement et redonner vie et forme à cette valeur bien en peine aujourd’hui voici la dernière ou une des dernières : la création d’un nouveau métier - le FGM ; acronyme pour feel good manager, manager du bien-être in french.

 

Après les livres, les films, les activités, les régimes…, l’esprit « feel good » tente une percée dans le monde du travail. Juste fun ou vraiment sérieux ?

Né outre Atlantique, inspiré des pratiques adoptées par les start-up de la Silicon Valley, conceptualisé et développé outre Rhin où il connait un franc succès, ce nouveau métier apparait dans l’hexagone chargé d’espoir pour les uns, de scepticisme pour les autres.

Alors s’agit-il d’une démarche cosmétique, médiatique, d’une mode passagère, d’une étoile filante dans les tentatives multiples faites pour remotiver la cohorte de ceux qui n’y croient plus, notamment les plus jeunes (Seuls 23% des 15-20ans se disent attirés par l’entreprise d’après une étude BNP/Paribas) ou bien s’agit-il d’un métier d’avenir, d’une tendance de fond… Sous réserve de quelques modulations et adaptations

Sans se lancer dans un recrutement immédiat et sans non plus balayer l’idée d’un haussement d’épaules peut- être y-a-t-il matière à réflexion et source d’inspiration ?

 

C’est quoi un FGM ? Une nouvelle race de manager ?

Après le manager coach, le manager psy, le manager motivationnel … est-ce une énième déclinaison-tendance-dans l’air du temps de ce métier devenu si difficile et complexe qui viendrait en contrepoint du « manager toxique », des Farell Williams d’entreprise en charge de la moduler en mode happy.

Non ! Le FGM n’est pas un manager dans la mesure où il ne manage pas des Hommes et qu’il n’a pas de lien hiérarchique avec eux. Ce n’est pas non plus un « simple » collaborateur mais plutôt un « consultant interne ». Il manage-il gère le bien être des collaborateurs (oui co-laborateurs et pas salariés) et plus précisément le bien être dans le cadre professionnel, sur le lieu de travail

Sa mission est de faire en sorte que chacun se sente bien dans son environnement professionnel. Il lui incombe d’offrir un environnement stimulant, une organisation souple et flexible, une ambiance chaleureuse et conviviale qui renforcent le sentiment d’appartenance et de vivre une aventure collective sans se sentir englouti, prisonnier, dévoré par son travail

Il doit proposer un contenant, une enveloppe, un cocon et créer des liens, connecter et déconnecter.

Il s’agit de donner envie aux collaborateurs de venir travailler tous les matins et de rester longtemps dans l’entreprise.

Ses armes : le beau, le bon, le bien, le cosy, le fun, le cool, le flex, le simple :

Bureaux design, esthétiques, cosy, ludiques, infrastructures de sport et de détente, diététique, atelier divers, crèche d’entreprise, aide au logement BBQ, télétravail, tout ce qu’il faut pour être a « great place to Work » une entreprise où il fait bon travailler.

 

Un métier tout nouveau, un poste et une fonction qui restent à redéfinir ou moduler

Le berceau de naissance et le terrain encore privilégié aujourd’hui pour l’exercer peuvent donner une vision réductrice du job.

On peut en effet y voir un métier de « niche » réservé à quelques happy few, aux start up et autres entreprises prospères, en phase de croissance ou en mal de hauts potentiels et talents créatifs, âprement convoités, fortement courtisés mais très infidèles et volatiles

- On peut caricaturer la fonction et faire du FGM un super GO d’entreprise, un ambianceur/chauffeur-de salle, un « concierge » de luxe (façon hôtel5*), un créateur d’évènements internes.

- On peut en faire un mouton à 5 pattes ou un couteau suisse humain : un mélange de Mac Gyver, d’assistante sociale, de psy, d’animateur au qualités nombreuses : un excellent QE, empathique, diplomate, à l’écoute, sens du management, sens de l’organisation, sens de la communication, de l’animation, team builder, parfaite connaissance de l’entreprise et de sa culture

Mais ce peut être aussi un administrateur de personnel ou un responsable RSE ou un préventeur RPS d’un genre nouveau plus fun et bienveillants

Si le contour reste encore à ajuster, à moduler son utilité et ses perspectives d’avenir semblent bien réelles. Question d’évolution et question de rentabilité.

Des formations existent déjà (de 3X2 jours à un an.. !!), des annonces de recrutement circulent, des postes ont été créés avec des descriptifs de profil assez divers et pour l’instant occupés par des femmes ! ?

 

Une adaptation nécessaire

Le travail ? 90 0000 heures en moyenne et un 1/3 de notre vie lui sont consacrés.

Ne pas en avoir ou le perdre restent sans doute la pire des situations mais les conditions de son exercice le transforme trop souvent en mal nécessaire plus qu’en chemin de roses vers l’épanouissement et la réalisation.

Les « nouvelles générations » ne l’entendent pas ainsi. Les mentalités ont changé et elles appréhendent différemment la vie, son équilibre et la place que le travail y tient, sans parler du rapport à la hiérarchie et à l’autorité.

Le bien-être et l’ambiance son pour ces nouveaux travailleurs des facteurs de motivation et d’attraction majeurs, voire les plus importants (57%) loin devant le salaire (34%) du moins pour les générations Y et autres X et « zèbres professionnels ».

L’équilibre passe davantage par un décloisonnement et une interpénétration des différentes sphères que par le respect de périmètres rigides comme par le passé. Le lieu de travail devient lieu de vie, lieu d’épanouissement en interaction avec la vie personnelle.

Aucun problème pour passer 12 heures « au travail » si le plaisir et une certaine liberté s’y trouvent aussi : si l’on bénéficie d’une souplesse organisationnelle et horaire, sans dress – code contraignant s’y l’on peut s’y adonner à son sport préféré, s’octroyer un massage ou une petite sieste, aller embrasser son enfant en garde à la crèche interne n partager un diner festif concocté par des chefs avec ses collègues / amis après des parties endiablées de jeux vidéos, son linge lavé et repassé récupéré à l’accueil de la société, débarrassé de soucis logistiques, sa créativité à plein régime.

 

Une réalité qui fait son chemin

Le management « à la papa », « à la française », à « la pression » semble enfin sur le déclin et s’avère pour le moins générateur d’un immense gâchis économique et humain.

- A force de dire qu’il est temps de remettre l’humain au cœur des entreprises

- A force d’additionner les coûts du stress, du burn-out des violences, des TMS, de l’absentéisme, du turn- over, des recrutements, des pertes de talents

- A force de répéter, études et chiffres à l’appui, que les salariés heureux font les entreprises heureuses et que la bonne santé des chiffres d’affaires est directement indexé sur le bien être des collaborateurs l’idée du bien être comme investissement rentable gagne du terrain

Les salariés heureux seraient 2 fois moins malades, 6 fois moins absents, 9 fois plus loyaux et fidèles et 31% plus productifs !!!! A vos calculettes !!!!

 

L’essentiel le feel good management

Si le feel good manager peut rester une option, certes bénéfique le feel good management lui est essentiel.

Avant même d’ajouter des facteurs de bien-être il importe de commencer par éliminer tout ce qui l’entrave, tout ce qui est feel bad ! Nombre d’ entreprises en sont encore aux premiers développements d’une démarche RPS et à identifier les facteurs de souffrance au travail et encore beaucoup à faire pour anticiper et prévenir et corriger les facteurs qui en sont la cause.

Rappelons une fois encore les fondamentaux ; selon le questionnaire de l’institut Gallup le bien être s’inscrit dans une étoile à 5 branches

L’ambiance de travail et la dimension relationnelle constituent l’une d’elle et sont des paramètres nécessaire mais pas suffisant auxquels ajouter

- Le sentiment d’utilité et d’efficacité (sens et compétence)

- L’intérêt pour le travail

- L’autonomie

- Justice et reconnaissance

 

Si la motivation hédonique est importante, la motivation eudémonique reste essentielle.

Je vous souhaite bien du plaisir.



Chantal DESJARDINS
chantaldesjardins@free.fr

 
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