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Le stress du dentiste : au-delà de l’énonciation, que faire ?

Il n’est pas un forum professionnel, une revue qui n’ait pas abordé ces dernières années la question du stress ou du burnout chez les professionnels de l’odontologie ou le chirurgien-dentiste.

Que ce soit l’OMS, le BIT, les observateurs nationaux des métiers dénoncent cette situation, et ce - paradoxe (?) - quel que soit le pays. De l’étudiant débutant l’acte de soigner au plus chevronné des praticiens, nul ne semble à l’abri de ce fléau, qui fait des chirurgiens-dentistes la profession considérée comme étant la plus à risques des professions de santé.

Dépression, divorce, suicide sont des signes de ce malaise qui semble implacable. Le constat et posé. Des hypothèses sur les causes de ce mal avancées, voire vérifiés. Mais au-delà de ce constat ? Que faire pour les professionnels que vous êtes ? Que proposer aux enseignants, facultés, écoles pour intégrer dans les formations l’apprentissage de la gestion du stress et déjà informer les futurs praticiens des risques encourus ?

Les études qui démontrent le phénomène sont pour la plupart assises sur un test déclaratif, le M.B.I.1 (Maslach Burnout Inventory) mis au point par une psychologue américaine à destination des professionnels de la santé. Ce test élaboré dans les années 80 permet en 22 items de déterminer un risque de burnout au travers d’une évaluation portant sur l’Epuisement Professionnel, la Dépersonnalisation et l’Accomplissement de Soi.

Cette approche néanmoins pose toujours la question de la fiabilité de la réponse. Ce que je déclare est-il ce que je vis ou une simple représentation mentale, laquelle peut dès lors être la mesure de ce qui est vécu réellement, voire de ce que le sujet, en fonction de son histoire aura minimisé ou amplifié.

C’est cela d’une part, la possibilité de relier déclaratif et mesuré d’autre part qui nous a conduit à engager une première réflexion sur le stress des dentistes ».

Cette étude, réalisée avec l’appui d’un centre d’odontologie d’un hôpital parisien, vise à faire le lien entre des mesures du stress réalisées grâce à un outil de la société AMV assis physiquement sur la bio-impédance, théoriquement sur l’approche de David Goldman sur l’Intelligence Emotionnelle2 et des déclarations, via deux tests reconnus scientifiquement, le M.B.I. d’une part, le test du BarOn® d’autre part, lequel repose en grande partie sur les mêmes fondements théoriques. Il faut souligner ici que ce procédé a été élaboré sur ces bases de l’Intelligence Emotionnelle, dont il reprend, comme le BarOn, les grands thèmes pour son interprétation : Assurance et Confiance en Soi, Capacité à gérer ses Emotions, Capacité à décider, Empathie, Tolérance au Stress, Optimisme, etc.

Cet outil de mesures est en fait bien d’autre chose qu'un outil d'appréciation de l’intelligence émotionnelle ; c’est un méta modèle qui croise différentes grilles de lecture. Nous aurons l'occasion de revenir sur cela plus en détails prochainement.

A l’issue de ce travail, qui dès à présent a permis de mesurer et tester près de plus de 125 praticiens, en formation, junior ou senior, va concerner au total 200 sujets.

Dès à présent, à la lumière des premiers résultats que nous nous proposons de vous présenter dans les prochaines semaines, deux autres actions sont envisagées. La première visera au sein du monde hospitalier, à mettre en relation stress mesuré, et données biologiques et biopsychologiques. Dans le même temps, nous allons procéder à l’expérimentation, sur des groupes de volontaires,  de plusieurs méthodes de gestion et de réduction du stress qui seront aussi évaluées en fonction de leur performance.

Réduire le stress  et  le burnout sont des nécessités qui s’imposent de plus en plus pour assurer un avenir pérenne aux métiers de la santé, au risque de voir comme dans certaines branches de la médecine, péricliter faute de « candidats » » à ces spécialités.

Cet article, le travail qui le sous-tend, les perspectives de travail que nous nous proposons de poursuivre sont les premiers éléments, pensons-nous, d’une véritable stratégie anti Risques Psycho-Sociaux pour la profession dentaire qui devrait déboucher sur un véritable mieux être.

Marie-Claire Théry-Hégly3, dans un article paru en 2008, appelait notamment à une information de la profession et à la mise en place de lieux d’échange et de paroles, de lieu de collaboration et de coopération socioprofessionnelle.

Nous réfléchissons aussi comme certains nous l’ont suggéré, et reprenant un des souhaits de M.C. Théry-Hégly à la création d’un site ou d’un forum dédié à ce fléau, en association avec les instances professionnelles qui accepteront de collaborer.

Nous espérons ainsi contribuer à ce souhait, qui de plus en plus, paraît se transformer en appel au secours.

Pour participer à cette recherche action, être informé, échanger, contacter G. Lazar : contact@sos-psys.fr ou au 06 32 13 87 99

Gilbert Lazar - Hypnoanalyste
Membre de la FF2P et de l’AFNH
Patrick Visier - Président d’AMV

 

1 Christina Maslasch and Jackson. The Maslach Burnout Inventory. 1981-1986
2 David Goldman. L’intelligence Emotionnelle
3 Marie-Claire Théry-Hégly. le Burnout n’est pas une fatalité. In l’information Dentaire, n° 38. 5 novembre 2008

 
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